> Communiqué de la CNT Gironde
Sauver ce qu’il reste d’un système de retraite complètement charcuté depuis des années nous semble bien illusoire face à la gravité de la situation.
Alors que ce pays est secoué par une longue lutte pour plus de justice sociale, cette grève du 5 décembre, fixée par les grandes organisations syndicales, arrive un peu comme un cheveu sur la soupe. Pour autant elle a le mérite d’exister. L’alliance gilets jaunes/syndicats pourraient bien fonctionner ce jour là. Mais qu’en sera t-il le lendemain ?
Si nous parvenons à faire reculer le gouvernement sur ce projet de retraite, nous laissant l’illusion d’une victoire, profitons-en pour embrayer sur une lutte offensive. Profiter de ce rapport de force pour aller plus loin, bien plus loin.
La CNT n’aime pas rester trop focalisée sur un problème, une situation, un contexte particulier. Elle préfère « dézoomer ». Et c’est pourquoi lorsque nous entendons dire « Ce pays va mal ! », nous préférons répondre : « c’est le monde qui va mal ».
Car dans plusieurs pays du monde, des travailleurs/ses (avec ou sans emploi) se soulèvent pour dénoncer la corruption des « élites » et exiger de la justice sociale. Nous aurions tort de continuer à régler nos problèmes comme si ils étaient nationaux, comme si c’était la seule responsabilité de M. Macron ou d’un-e autre.
Nous ne croyons pas aux sauveurs suprêmes, et à ce titre, nous nous gardons bien de prétendre que nous avons la réponse à toutes les questions pour tout le monde. Par contre, nous faisons un certain nombre de constats : certain-e-s triment, enrichissant celles et ceux qui, à leur tour, appauvrissent et répriment. Un système bien rôdé…
Un petit exemple, à Bordeaux – ville riche et convoitée – au moins 2000 personnes vivent à la rue parmi lesquelles se mêlent les « français-e-s » les plus pauvres et des éxilé-e-s maltraité-e-s. Ce seul chiffre devrait nous révolter et nous convaincre qu’il est temps de questionner collectivement la société dans laquelle nous voulons vivre. Nous souffrons d’une société libérale, sur le plan économique, et conservatrice, sur les questions sociales. L’opposition entre français-e-s et étranger-e-s (qu’ils vivent ici ou ailleurs) fait le jeu et l’argent des puissants.
Mais pour réfléchir et discuter ensemble, il nous faut du temps. Pour cela, il nous faut une grève reconductible qui dure au-delà du 5 décembre. Pour cela, il faut réduire le temps de travail et augmenter le temps libre. Libre de se reposer. Libre pour gérer la vie de la cité.
Celles et ceux qui ont l’habitude de nous lire savent combien nous nous méfions des directions syndicales, voire que nous les défions, considérant qu’elles ont suffisamment trahi la classe ouvrière pour que nous leur accordions presque autant de confiance qu’à nos banquiers. Il est probable qu’elles cherchent une nouvelle fois à s’imposer comme les interlocutrices du gouvernement
Nous espérons que les travailleur-se-s (avec ou sans emploi, avec ou sans papiers) se retrouveront, autour d’une AG, d’un blocage, d’une grève et discuteront ensemble de la suite à donner à la lutte et de la société que nous voulons construire.
La CNT revendique maintenant :
La réduction du temps de travail (semaine de 32h).
Augmentation des salaires et égalité salariale homme/femme.
Augmentation des minimas sociaux et des retraites.
Fin des allègements de cotisations sociales pour les patrons (petits ou grands!).
Régularisation de toutes les personnes sans-papiers