> Témoignage
La manifestation fut belle ce mardi à Bordeaux. En tête de cortège se mélangeaient Gilets jaunes et étudiant-e-s, ensuite venait le cortège des organisations syndicales. Dès le départ de la place de la République, de nombreux syndicalistes ont rejoint le cortège de tête, dont mes camarades de la CNT… Retour sur cette journée de mobilisation.
Un joyeux mélange de drapeaux de toutes les couleurs et de toutes les appartenances flottaient au dessus de ce cortège qui parcourait les rues en scandant une multitude de slogans, contre le capitalisme, la précarité, et demandant la démission de Macron.
Comme souvent dans les manifestations des Gilets jaunes, lorsque le cortège s’élance, il n’a pas l’ampleur que l’on aurait souhaité. Mais au fur et mesure de notre avancée, il se gonflait comme si chaque manifestant-e se dédoublait et qu’à chaque croisement de rue, des gilets jaunes rejoignaient l’énorme serpent qui remontait vers la place Gambetta. Les gilets jaunes bien décidés à passer par le cours de l’intendance (rue bloquée par les forces de l’ordre chaque samedi) ont fini par avoir gain de cause. Les bacqueux qui se trouvaient là, plaqués contre la vitrine du magasin Hermès, ont du battre en retraite sous les cris des manifestant-e-s qui hurlaient « CASSEZ VOUS DE LA !».
Arrivée au croisement de la rue Ste Catherine et du Grand Théâtre, le cortège s’est scindé. La tête du cortège prenant la rue Ste Catherine et les syndicats continuant leur trajet traditionnel vers la place de la Bourse. Avec mes camarades de la CNT et des camarades de la CGT et SUD nous avons décidé de continuer la manifestation aux cotés des Gilets jaunes.
Un cortège festif a parcouru la rue Sainte Catherine, puis le cours d’Alsace Lorraine jusqu’aux quais scandant des slogans. On a pu assister à un mini concert improvisé de la chorale « Le cri du Peuple ». Tout le long du cortège nous avons vu fleurir, sur les murs, des dizaines de tags.
Arrivé au croisement de la gare St Jean et du pont St Jean, le cortège s’est à nouveau divisé, une partie des manifestant-e-s allant vers la gare St Jean, l’autre vers le centre commercial des Rives d’Arcins.
Nous avons décidé de suivre celles/ceux qui partaient vers la gare et allaient enfin concrétiser notre rêve lors des manifestations de 2016 contre la loi travail : Envahir la gare ! Les quais ont été pris par les manifestant-e-s dans le calme et on a pu entendre retentir des dizaines de slogans. Après une vingtaine de minute nous avons décidé d’aller prêter main forte aux camarades partis bloquer les Rives d’Arcins.
Nous étions 200 à 300 manifestant-e-s à nous diriger vers le pont St Jean lorsque nous avons été la cible de tirs de grenades de désencerclement lancées par des bacqueux (sans aucune sommation). Nous avons donc du reculer. Heureusement pas de blessé-e-s ni d’arrestations parmi nous.
Nous avons su par téléphone qu’environ 300 personnes étaient prises en étau entre des gardes mobiles et des CRS, au niveau des anciens abattoirs.
Dans cette nasse, bloqués sur les rives de la Garonne par les forces de l’ordre, se trouvaient des personnes âgés et des personnes en situation de handicap. Le gazage massif et injustifié dont ils faisaient l’objet, créait chez certain-e-s manifestant-e-s un sentiment d’angoisse et de panique. Une femme âgée venait de faire un malaise. Cette femme, prise en charge par les “Streets Médics”, a été par la suite évacuée et se trouve actuellement en réanimation.
Crédits photo : Fab Enero et Marion Vacca – Macadam Press