Intervention du syndicat CNT Construction

> Intervention du 1er mai 2017 du syndicat CNT Construction de la Gironde

Notre organisation syndicale, la CNT, puise ses racines dans la résistance au franquisme espagnol. À ce titre, elle a une idée très précise de ce que constitue l’engagement antifasciste. Nous sommes d’ores et déjà convaincu-e-s que si le Front National venait à être élu, notre syndicat figurerait parmi les cibles privilégiées de ce nouveau gouvernement.

Mais nous sommes également convaincu-e-s que jamais un candidat capitaliste ne pourra être un rempart à un parti d’extrême droite. Nous irons même plus loin en affirmant qu’il est illusoire de vouloir détruire le fascisme sans abolir le capitalisme.

Ce système économique met en concurrence les travailleurs/euses du monde entier, générant ainsi des inégalités basées sur des schémas de dominations : racisme, sexisme, xénophobie, homophobie… La montée des théories d’extrême droite est liée à la misère et à la violence que génère la société dans laquelle nous vivons.

Tout est prêt pour que l’élection d’Emmanuel Macron soit une forme de soulagement. Ce serait une duperie de plus. Ce serait reculer pour mieux sauter. Quelle que soit l’issue du second tour, nous avons déjà une certitude : les travailleurs/euses (avec ou sans emploi, avec ou sans papiers) seront la cible des attaques du prochain gouvernement.

Ce qui nous inquiète le plus, ce n’est pas tant le score du front national que le fait que les théories et les propos réactionnaires gangrènent notre société. Nous combattons ceux/celles qui théorisent, alimentent et répandant cette idéologie, bien au-delà de ce seul parti.

Beaucoup de nos collègues de chantiers sont perclus de propos racistes. C’est le fruit de gouvernements qui ont dragué leur électorat quitte à tout lui promettre pour ensuite ne créer que du désespoir et de la désillusion. C’est le fruit de l’utilisation de la menace terroriste pour justifier la guerre et la fermeture des frontières.

James Baldwin, écrivain afro-américain, disait à propos de la ségrégation raciale :

« Je suis terrifié par cette apathie morale, cette mort émotionnelle qui se produit dans mon pays. Ces gens se leurrent depuis si longtemps qu’ils ne me considèrent pas comme humain ».

Nous, travailleurs/euses du BTP, faisons vivre notre syndicat comme un espace pour y développer la solidarité de classe, et on peut vous assurer que cette démarche est à l’antipode de l’Unité nationale. Parce qu’il n’est nul besoin d’être français-e pour être solidaire et parce que nous ne perdons pas de vue que nous combattons ceux/celles qui nous oppriment, fussent-ils/elles français-e-s.

La CNT Gironde se revendique d’un syndicalisme révolutionnaire et défend un projet de société libertaire, sans classes et sans frontières. C’est pourquoi les capitalistes, comme les fascistes, nous qualifient de violent-e-s terroristes et nous combattent avec hargne.

Nous ne sommes ni plus ni moins que des individu-e-s convaincu-e-s qu’il faut en finir avec les pansements sur des jambes de bois. Car si nous espérons vivre mieux durablement, il faut envisager de changer radicalement notre société. Nos propositions ne sont ni dépassées, ni poussiéreuses, elles sont ambitieuses et pleines d’espoir.

Nous pensons aujourd’hui qu’il est urgent de préparer la riposte sociale. Cela nécessite que nous soyons organisé-e-s, plus nombreux-ses et déterminé-e-s.

Face au au fascisme, comme au capitalisme, la solidarité est notre arme.

 


À l’occasion de la contre-soirée du débat du 2nd tour, le collectif Pavé Brûlant avait invité notre syndicat à lire cette intervention :

 


Quelques images de la manifestation bordelaise du 1er mai

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