Dernière conséquence en date, d’une gestion capitaliste et autoritaire de l’hôpital public.
Depuis le mercredi 18/05, les urgences adultes du CHU de Pellegrin fonctionnent “en mode dégradé”, une expression ronflante qui cache tout simplement le fait que le service ne fonctionne plus comme il le devrait et n’est plus en mesure de prendre en charge directement l’ensemble des patient.e.s qui s’y présentent.
À partir de 17h, chaque passage sera ainsi régulé par le SAMU-Centre 15. De 18h à 22h, il y aura deux personnes de la sécurité civile (des volontaires…) ainsi qu’une personne de la sûreté privée. À partir de 22h, les portes des urgences seront fermées. Pour celles et ceux qui se présenteront, un « téléphone relié au SAMU-Centre 15 » sera accessible devant les urgences.
Ces changements sont synonymes de pertes de chances pour les patient.e.s et auront potentiellement des conséquences graves. Ils sont aussi le reflet de conditions de travail intenables pour le personnel des urgences et d’un dramatique manque de personnel.
Hors les urgences n’ont pas cessées de voir leur fréquentation augmenter ces dernières années, non pas par irresponsabilité de celles et ceux qui y font appel, comme voudraient nous le faire croire certains médias complaisants, le gouvernement et les directions hospitalières, mais tout simplement en raison du manque de médecins généralistes sur le territoire et des difficultés (financières ou d ‘accès aux soins) rencontrées par de plus en plus de personnes dans la prise en charge de leurs problèmes de santé. Les urgences sont devenues pour beaucoup d’entre nous la dernière solution possible en cas de problèmes de santé.
À cette forte fréquentation des urgences viennent s’ajouter :
– des conditions de travail déjà exceptionnellement difficiles au CHU en général, et particulièrement dans le service des urgences, un service vital et en première ligne. La faute à qui ? A plusieurs décennies de rationnement des embauches à l’hôpital, au nombre limité et insuffisant de médecins formés aux urgences, au manque général de moyens financiers et humains, aux pénuries d’équipements et de médicaments, etc.
– deux années de gestion libérale de la pandémie de COVID, qui ont achevées d’épuiser un personnel déjà en souffrance. Au lieu de tenter de contenir sérieusement l’épidémie, le gouvernement a fait le choix de laisser l’hôpital encaisser de plein fouet sa gestion calamiteuse de la crise. En choisissant de laisser le virus circuler, de garder les contaminations en permanence sur un plateau élevé de cas, il était évident que ce serait à l’hôpital de gérer un nombre très élevé de malades en réanimation et se présentant aux urgences.
– une direction hospitalière, une ARS et un gouvernement sans solutions (qui n’en cherche d’ailleurs pas : c’est le meilleur moyen de ne pas en trouver), qui fait reposer la responsabilité de la situation sur le personnel, au lieu d’assumer un problème systémique, celui d’un système de santé publique en train de craquer.
L’hôpital public, constamment sous doté et gardé au bord de l’asphyxie, où la direction et les RH considèrent le personnel comme une simple variable d’ajustement, est aujourd’hui au bord de l’implosion, après de nombreuses années de difficultés de fonctionnement déjà sévères. Celles et ceux qui donnent le plus de leur temps, de leur personne, sont les moins soutenues : en laissant se dégrader les services hospitaliers, les gouvernements successifs encourageaient le développement d’une offre de soins privées, réservées aux nantis. C’est un choix assumé, d’une médecine à deux vitesses. Ce sont les travailleur.ses de l’hôpital, fonctionnaires, contractuelles et particulièrement aussi les précaires, de plus en plus nombreux.ses, qui trinquent. Ce sont aussi les patient.e.s qui trinquent.
La situation n’est guère meilleure aux urgences pédiatriques, rénovées récemment, mais où le personnel suffisant n’a tout simplement pas été prévu : comme si le soin n’était qu’une question de moyens techniques (bâtiment, appareils.), et qu’on pouvait se passer de celles et ceux qui font tourner l’hosto au jour le jour : soignant.e.s, personnel technique et de support, personnel chargé de l’entretien etc…
Il est donc plus que temps pour nous, qui faisons tourner le CHU H24, de redresser la tête et d’exiger une transformation radicale de l’organisation du service public à l’hôpital et des investissements massifs.
Des moyens humains et matériels à la hauteur de nos ambitions pour l’hôpital public.
Il faut dès maintenant :
- des créations immédiates de postes pérennes, de fonctionnaires, dans tous les services qui en ont besoin, aux urgences et ailleurs,
- l’arrêt du recours croissant à des sociétés externes pour pallier au manque d’investissement dans l’hôpital,
- l’arrêt du recours aux contrats précaires et la titularisation de l’ensemble des personnels travaillant en CDD ou en intérim à l’hopital
- un changement radical dans l’organisation du travail qui mette fin à l’épuisement du personnel comme technique routinière de management. Et donc la fin du rappel sur les jours de congé, des gardes excessivement longues, du recours aux heures sups au lieu d’embaucher, etc., bref un changement total de nos conditions de travail,
- des augmentations immédiates de salaire et de traitement conséquentes, notamment et en premier lieu pour les plus bas revenus (précaires, catégories C, intérimaires..),
- la fin de la T2A, et d’une gestion par l’austérité et le rationnement de l’hôpital,
- d’une manière générale, la fin du management par la peur et la contrainte, l’abandon du fonctionnement vertical et autoritaire des services, la participation égale de tous.tes les travailleur.ses à l’organisation fondamentale des services de soin, technique, administratif et de support. C’est nous qui travaillons, c’est nous qui décidons !
A la CNT nous croyons en l’autogestion et à la socialisation du système de santé.
Pour que l’hôpital change radicalement, pour les patient.e.s et pour nos conditions de travail : organisons nous, syndiquons-nous !
Une intersyndicale SUD-CGT-FO appelle à un rassemblement le mardi 24 mai de 9h à 13h
sur le rond-point de Pellegrin !
Le syndicat CNT Santé-Social 33 invite à s’y rendre et à participer à l’organisation d’une résistance globale des travailleur.ses de l’hôpital contre la gestion actuelle de l’hôpital public et ce par tous les moyens qui leur sembleront adéquats : grève, rassemblements, manifestations..