Il est évident que pour tou-te-s celles et ceux qui ont perdu un-e proche, ces assassinats sont d’une violence incroyable. D’autant que le procédé utilisé, qui a consisté à viser aveuglément des personnes, génère une incompréhension totale, un état de choc pour celles et ceux qui l’ont vécu.
Mais nous restons un peu coi devant la vague d’émotion qui a été étendue à tout le pays, voire au-delà, « comme une traînée de poudre », pourrait-on dire si on devait utiliser le jargon « va-t’en-guerre » très en vogue en ce moment.
Au delà du fait que nombre de médias sont très friands de sujets émotionnels, il est temps de se questionner sur l’utilisation des sentiments qu’ont pu susciter ces attentats. Car l’émotion entretenue empêche clairement toute analyse, toute critique des faits qui ont suivis ces actes meurtriers. Pire encore, elle sert à justifier l’idée selon laquelle la population attendrait des « réponses fortes » de la part des autorités, autrement dit des réponses autoritaires.
Le traitement médiatique et politique frôlent l’indécence lorsqu’on réalise le fait que quotidiennement, un nombre bien plus élevé de personnes meurent, notamment aux frontières de l’Europe, sans que grand monde ne s’en émeuvent. En disant cela, nous ne pensons pas minimiser la violence de ce qui s’est produit le 13 novembre pour ceux/celles qui l’ont vécu, nous relevons simplement le mépris pour ceux/celles qui vivent cela au quotidien sans qu’aucun intérêt ne leur soit porté.
Nous sommes donc très inquiets/ètes, mais pas pour les mêmes raisons que celles qu’invoquent les médias ou le pouvoir politique (c’est-à-dire « la menace terroriste »). Car au lendemain de ces attentats, nous nous inquiétons de voir l’état d’urgence décrété (et que le Président voudrait étendre à trois mois). Nous nous inquiétons de voir les pouvoirs de la police et de l’armée renforcés. Nous nous inquiétons de voir le fossé qui pourrait encore se creuser un peu plus entre ceux/celles qui seraient les partisans de l’Unité nationale et ceux/celles qui seraient les potentiels ennemi-e-s de la nation.
Nous sommes syndiqué-e-s parce que nous souhaitons faire vivre la solidarité de classe, et on peut vous assurer que cette démarche est à l’antipode de l’Unité nationale. Parce qu’il n’est nul besoin d’être français-e pour être solidaire et parce que nous ne perdons pas de vue que nous combattons ceux/celles qui nous oppriment, fussent-ils/elles français-e-s.
Le 17 novembre 2015,
Le syndicat Unifié du Bâtiment et des Travaux Publics de la Gironde.