> Communiqué
Face à la pénurie de main d’œuvre dans les champs, FNSEA et gouvernement appellent les réfugié·es à prendre la relève des travailleur·ses détaché·es pour assurer la production alimentaire française.
Habituellement, lorsque le patronat est en pénurie de main d’œuvre, il est contraint de faire des concessions en améliorant les salaires et les conditions de travail. En appelant les réfugié·es à remplacer les saisonnier·es, il a trouvé une stratégie pour bénéficier de travailleurs·ses corvéables à merci sans rogner ses bénéfices et accentuer la concurrence entre travailleur·ses.
Vue la façon dont l’État français a l’habitude de traiter les « migrant·es », nous jugeons cet appel cynique et ne pouvons nous empêcher de repenser à tou·tes celles et ceux qu’iels ont appelé pour sauver ou « reconstruire » la France, avant de les répudier…
Nous connaissons l’immense précarité dans laquelle sont maintenu·es les exilé·es et nous sommes extrêmement soucieux·ses de ce qu’il adviendra d’elles et eux lorsqu’iels se passeront de leurs « bons et loyaux services ».
Il ne s’agit pas de porter un jugement sur celles et ceux qui seront contraint·es de rejoindre les champs. Nous savons qu’un maigre salaire vaut toujours mieux que la survie sans ressource. Nous affirmons cependant que notre rôle n’est pas de jouer le jeu de pourvoyeurs de « bras bon marché ». Bien que l’on nous assure que le dispositif est basé sur un système de « volontariat », nous savons que la « liberté de choix » est biaisée par la précarité dans laquelle les exilé·es sont maintenu·es, le choix entre crever et un minimum de survie.
Nous n’avons aucune confiance en ceux qui ne savent que compter les billets, et souhaitons ne pas fermer les yeux sur une situation dont, à terme, la FNSEA aura tiré tous les bénéfices.
En tant que syndicalistes, nous pensons que le rapport de force permet d’arracher des contre-parties. Alors, puisque le patronat a besoin d’elles/eux, exigeons la régularisation immédiate de tou·tes les sans-papiers et de leurs familles.
Nous nous joignons aux appels des collectifs d’exilé·es et de soutien aux exilé·es qui vont dans ce sens.
Nous espérons être plus nombreux·ses à porter cette revendication politique, sans mettre de côté l’accompagnement et la solidarité dont les exilé·es ont besoin au quotidien.
Français·es ou immigré·es, même patron, même combat !