> Communiqué
Aujourd’hui comme hier dans ce pays, les personnes migrantes, réfugiées, avec ou sans papier, mineures ou majeures sont, non seulement condamnées par les autorités à une vie d’extrême précarité, sans ressources, sans toit, sans statut mais aussi contraintes à devoir suivre un parcours administratif incompréhensible, injuste, raciste et dégradant.
Elles vivent dans l’incertitude et la peur. La peur de la police, d’être soudainement saisies et expulsées, d’être trompées par l’administration, d’être maintenues dans une zone grise, ni vraiment citoyen.ne.s, ni bienvenues, juste invisibles et maltraitées. Et l’arsenal législatif et répressif qui traduit ces politiques en harcèlement constant sur le terrain s’aggrave d’année en année.
Cette politique ignoble, à la fois libérale et, néo-coloniale, n’est certes pas nouvelle mais on ne peut que constater aujourd’hui le zèle et l’empressement avec lesquels la préfète, Mme Fabienne Buccio, et les services de la préfecture, mettent en action les directives d’un gouvernement Macron prêt à tout pour servir la soupe aux idées d’extrême-droite.
Face à ces politiques violentes, les squats sont des refuges, une alternative à la vie à la rue. : ils permettent à celles et ceux qui n’ont pas d’autres solutions de se mettre à l’abri, de s’organiser, de se protéger mais restent toujours à la merci d’une expulsion, des logiques d’Etat. Dès le mois avril, la préfecture s’est donc lancée dans une véritable chasse aux squats sur la région bordelaise, en surfant sur des justifications nauséabondes.
Depuis le 9 juillet, la préfecture, avec la complicité passive de l’immense majorité des élus, ont accéléré la destruction des squats en expulsant coup sur coup deux d’entre eux : le Gars Rage et la Zone du Dehors, ce dernier étant principalement constitué de familles avec enfants. Mettant ainsi sans vergogne, du jour au lendemain, des centaines de personnes à la rue, sans même leur proposer la moindre solution, le moindre abri.
Femmes, hommes, enfants, malades ou non, jeunes ou moins jeunes, la préfecture n’en a rien à faire, tout doit dégager. Ces expulsions que la préfète se félicite d’avoir menée dans les règles de l’art sont conduites avec la plus grande brutalité : affaires mises à la poubelle, documents d’identité irremplaçable confisqués et détruits, tout y passe.
Face à cette urgence des militant.e.s ont décidé dans un premier temps d’ouvrir un accueil de jour dans le local du syndicat CNT, rue Sanche de Pomiers, à Bordeaux, lieu où les expulsés purent se reposer, manger, se doucher, trouver du soutien et de la solidarité. L’espace du local ne permettant pas d’accueillir des personnes pour la nuit, la décision de prendre et d’ouvrir la bourse du travail a été prise. Sur place et après tractation avec l’Union Départementale CGT, un espace pour dormir la nuit a été aménagé au rez-de-chaussée de la Bourse du travail, laissant ainsi environ une petite centaine de personnes dormir en sécurité.
Les militant.e.s à l’origine de cette initiative ont très vite été rejoints par de nombreuses personnes souhaitant mettre le principe de solidarité en actes : syndicalistes de tout bord, organisations humanitaires, voisin.e.s, habitant.e.s du quartier, bénévoles de toute la métropole bordelaise, sont venu-e-s spontanément mettre la main à la pâte et participer à ce mouvement, donnant de leur temps et de leur énergie pour faire vivre l’accueil de jour.
Par la suite, le local de la CNT ayant dû être fermé en raison de la plainte d’un voisin raciste, l’Athénée Libertaire, lieu anarchiste, nous a ouvert ses portes en juillet et en août.
C’est ainsi que, pendant plus d’un mois et demi, l’accueil de jour s’est organisé : nous y avons distribués plus de 300 repas par jour, dispatché les dons qui ont afflué de toute part, mis en place des permanences juridiques et médicales, cherché des logements, donné des cours de français, aidé à la réalisation de CV, accompagné les exilé.e.s dans leurs démarches administratives, organisé des activités pour les enfants etc… Par la solidarité, nous avons réussi à trouver un toit, sur du plus ou moins long terme, pour environ une soixantaine de personnes.
Ce travail ne fait que commencer. Cet été, nous avons dû faire le travail que l’État, les décideurs, prétendent assurer alors que concrètement, ils se satisfont d’instituer l’injustice et d’instrumentaliser la xénophobie la plus crasse. Recevoir ces personnes dans des conditions humaines dignes est pourtant bien un minimum, elles qui arrivent sur notre territoire poussées par la misère et la guerre, situations dont les gouvernements et les entreprises des pays « riches » sont les principaux responsables.
C’est pourquoi aujourd’hui, nous sommes toujours là, toujours mobilisés aux côtés des migrant.e.s, des personnes à la rue. Nous ne demandons pas, nous exigeons un véritable accueil pour ces populations et nous continuons à nous battre pour un toit, pour l’égalité des droits et des situations pour tous.tes et pour l’arrêt définitif et total de ces politiques d’expulsion et de harcèlement meurtrières.