> Billet d’humeur
Ce jeudi 21 février est organisé un “grand débat” dans une salle municipale de Lormont, dans la banlieue Bordelaise. Cette rencontre à l’appel de plusieurs organisations syndicales a pour but la convergence entre le mouvement des gilets jaunes et le milieu syndical.
En arrivant on nous distribue à chacun.e une feuille dotée d’un numéro nous permettant de nous inscrire sur le tour de parole pendant le débat et un petit questionnaire à remplir sur nos principales revendications. La soirée semble bien organisée. Une centaine de personne sont présentes, toutes assises en rond. On s’aperçoit qu’à côté de nous, se trouve le bureau de l’Union Départementale (UD) de la CGT Gironde avec Corine Versigny, la secrétaire générale.
Durant une heure et demi les prises de parole s’enchaînent, entre gilets jaunes syndiqué.e.s, non syndiqué.e.s et syndicalistes non gilets jaunes. La question du pouvoir d’achat est abordée, des fins de mois difficiles, des actions économiques, de la violence en manifestations. Un “jeune” (personne de moins de 30 ans) est surpris que personne ne parle de la répression policière. Alors que la salle s’étonne que les “jeunes” ne soient pas présent.e.s ce soir, celui-ci rappelle qu’ils/elles sont présent.e.s tous les samedis.
A plusieurs reprises il est demandé aux syndicats ce qu’ils sont en mesure d’apporter concrètement au mouvement. Nous semblons tous.tes, en majorité, être convaincu.e.s qu’un changement global du système est nécessaire.
De nombreuses fois il est discuté la question d’un lieu pour se réunir et s’organiser. La bourse du travail est évoquée (grand immeuble du centre ville mis à disposition uniquement de la CGT par la mairie). Mais cette question restera sans réponse de la part de l’UD CGT, qui prendra la parole pour rappeler les conquête de 1968 et 1995 et l’importance de la grève. Des personnes soulignerons l’inutilité des journées de grèves “saute-moutons” et le problème de la bureaucratie syndicale.
Vers la fin, Corine Versigny sera prise à partie au sujet de la bourse du travail, lieu initialement crée par les travailleur.se.s, pour les travailleur.se.s, mais monopolisée par la CGT.
Nous aimerions souligner la méfiance vis-à-vis des tentatives de récupération du mouvement par les grandes organisations syndicales. Certes, elles sont en capacité d’appeler à la grève générale et d’amplifier le mouvement actuel, mais rappelons qu’en 1968 la bureaucratie syndicale de la CGT a appelé les travailleur.se.s à reprendre le travail, et a mis fin aux perspectives révolutionnaires de ce mouvement.
Ces bureaucrates syndicaux, payés par leur organisation syndicale pour faire du syndicalisme, s’éloignent de la réalité des travailleur.se.s car elles ne subissent plus l’oppression patronale au quotidien. Ils-Elles finissent par mener des carrières politiques, négocient avec nos exploiteur.se.s. Leurs intérêts personnels passent avant tout.
Alors que le mouvement actuel rejette la représentativité, défend la démocratie directe par des mandats révocables, on peut se demander si la bureaucratie syndicale a vraiment sa place dans ce mouvement…
A LAS BARRICADAS !
Dessin de Siné datant de 1968