> Billet d’humeur du 3 décembre 2018
En tant qu’ouvrier·ère·s du bâtiment on est habitué·e·s à entendre nos collègues dire que les sécurités « c’est chiant » ou que « ça ne sert à rien ». Beaucoup d’ouvriers du BTP sont imprégnés par une culture viriliste qui leur fait dire que le danger fait partie du métier et que seuls les peureux demandent à travailler en toute sécurité… Bien que nous désapprouvions ces comportements, nous mettons en garde celles et ceux qui seraient tentés de se tromper de cible.
En fait, si les ouvrier·ère·s de la construction étaient sensibilisé·e·s aux risques du métier au même titre que les conducteurs·trices sont sensibilisé·e·s aux risques de la route, il·elle·s exigeraient plus souvent de travailler en toute sécurité.
Si on leur montrait des photos de collègues après une chute de plusieurs mètres, après avoir pris un bloc de béton sur la caboche, après une mauvaise manip avec une machine, après avoir été empalé par une pelleteuse… Si ils·elles avaient conscience qu’à tout moment il·elle·s risquent de ne pas rentrer à la maison le soir, après leur journée de taf, il·elle·s seraient plus prompts à exiger les équipements de sécurité.
Les patron·ne·s ne fournissent pas non plus les formations suffisantes en matière de sécurité, tout particulièrement dans les petites ou moyennes boîtes. Les organismes de formation (lycée, CFA, …) portent aussi une lourde responsabilité en ne sensibilisant pas suffisamment leurs apprentis sur ces questions.
C’est pour cela que nous médiatisons les accidents du travail dans le secteur de la construction. En Gironde, de juillet à octobre 2018, nous avons comptabilisé au moins 5 morts, dont un jeune apprenti charpentier décédé suite à une chute de plusieurs mètres.
Les cadences excessives et la course au profit ne laissent pas le temps aux ouvrier·ère·s de travailler de façon sécure. C’est pourquoi nous appelons systématiquement l’inspection du travail lorsque nous constatons qu’il y a des manquements en matière de sécurité (notamment en charpente, car la moindre erreur peut être fatale). Notre syndicat intervient dès qu’il le peut. En clair, si les patron·ne·s ne respectent la législation, nous utiliserons tous les moyens à notre disposition pour les y contraindre.
Voici un chantier de rénovation complète d’une toiture sur plusieurs jours en plein centre ville.
Avant le signalement à l’inspection du travail :
Après :
Les patron·ne·s rechignent à sécuriser les chantiers parce qu’il·elle·s considèrent que c’est une perte de temps et d’argent. Autrement dit, il·elle·s considèrent que ça coûte moins cher de remplacer les ouvrier·ère·s, quand il·elle·s sont mort·e·s ou « cassé·e·s », que de sécuriser un chantier.
Donc, ne leur faites pas confiance pour savoir comment prendre soin de vos vies !