> Article du syndicat du BTP – Région Parisienne
Notre syndicat, composé de travailleurs et de travailleuses d’origines et de cultures diverses, tente, chaque année depuis maintenant trois ans, de porter un regard critique sur une histoire sociale que nous voudrions commune.
Nous avons choisi d’engager cette réflexion au moment du centenaire de la déclaration de la première guerre mondiale (1914). Après avoir abordé la question de l’antimilitarisme et de l’antipatriotisme dans le mouvement syndical de l’époque (2014), puis la place des femmes dans la guerre et la production (2015 ), nous aborderons cette année la question de la mobilisation des peuples colonisés, et plus largement la place de l’immigration dans la production et celle de l’internationalisme prolétarien dans le mouvement syndical.
Pour construire cette histoire commune, il faut pouvoir dépasser les clivages que des siècles de colonisation ont insidieusement installés dans l’esprit de chacun, qu’il soit, ou se considère, descendant d’un peuple oppresseur ou d’un peuple opprimé.
Si le respect, entre camarades, construit dans la lutte ou la solidarité quotidienne de classe, y participe il n’est cependant pas suffisant. Il n’est pas rare, en effet que, quand la question du rapport Nord-Sud se pose, nos camarades africains, renvoient tous les européens dans les cordes d’un colonialisme qui les déterminerait.
Nous avons donc souhaité entamer cette année de réflexion syndicale par une mise à plat de ce qui nous constitue.
La force vive du syndicat étant portée par chacune de nos adhérentes et chacun de nos adhérents actuels, nous avons décidé de tous nous représenter sous la forme d’une sorte d’immense « arbre généalogique », porteur des parcours et pérégrinations (sur 4 générations) de nos parents et familles.
Dans les faits, chacun, lors d’une Assemblée Générale du syndicat a donné sa photo, et indiqué son métier et la date de son arrivée à Paris ou en France. Dans un second temps il s’est engagé à apporter le même type d’informations sur un membre de sa famille qui l’avait précédé, et ainsi de suite (et si possible) sur trois générations.
S’est alors posé, pour quelques camarades, le choix de l’aïeul, à ainsi mettre en lumière. En effet on a parfois dans nos familles des personnalités, aux opinions sulfureuses ou aux parcours de vies moralement répréhensibles. Faudrait-il alors choisir, pour le syndicat, une branche familiale plus orthodoxe ?
Au travers de l’histoire du siècle, raconté sur la base partagée de nos histoires familiales, c’est bien dans la complexité de nos histoires familiales, de nos origines et cultures différentes que se construit notre identité collective de classe.
Que dans notre « arbre généalogique », se croisent le tirailleur sénégalais et le résistant limousin, le viticulteur languedocien et le paysan ivoirien, la grande bourgeoise antisémite et la petite bonne bretonne ou portugaise, le supporter de l’Algérie française et la baby-sitter malienne, le tonton qui préférait les teutons et celui qui aimait les tommys, le républicain espagnol et le chanteur berbère … n’en rend que plus riche notre maison commune.
Cette première étape dans le renforcement de notre identité collective servira de tremplin à notre journée commémorative du 12 novembre prochain.