Projet de loi de Programmation Pluriannuelle de la Recherche (LPPR) : déni de démocratie et Consécration d’une orientation néolibérale de l’enseignement supérieur et de la recherche. Ou quand la précarité est le moteur de la fac…
La Ministre de l’Enseignement Supérieur, de la Recherche (ESR) entend faire voter à marche forcée la Loi de Programmation Pluriannuelle de la Recherche (LPPR) après des mois de forte mobilisation de l’université et un refus de mise en discussion du contenu du texte. Le texte présenté reprend les mesures qui ont déclenché fin 2019 – début 2020 une mobilisation massive dans l’Enseignement Supérieur et la Recherche. A l’Université Bordeaux Montaigne (UBM), un grand nombre de motions ont été adoptées (Dept Histoire, Dept Géo, Dept Etudes hispaniques, Dept Philosophie, UFR lettres, UMR LAM, UMR PASSAGES, etc.) pour dénoncer et demander la suppression du projet LPPR, pour réaffirmer l’attachement aux statuts pérennes de tous les personnels, pour s’opposer au développement de toutes les formes de contractualisation tant en matière de projets que de contrats de travail dont les effets sur la recherche et la formation sont délétères.
La précarité est un moteur structurel de l’université. D’un côté, l’université (l’UBM comme les autres universités) ne pourrait assurer ses missions sans avoir recours en permanence à des contrats précaires (vacation, CDD). D’un autre côté, d’après une enquête de l’Insee intitulée “Revenu, niveau de vie et pauvreté en 2016”, 20,8% des “élèves et étudiant.e.s” se situaient sous le seuil de pauvreté (60% du niveau de vie médian), contre 12,8% de l’ensemble de la population.
La LPPR vise pourtant à renforcer la concurrence/rivalité entre structures de recherche, à accroître la précarité de tous les personnels, à réduire l’indépendance de la recherche avec notamment la remise en cause du statut d’enseignant.e-chercheur.e, le renforcement du pilotage de la recherche, la concentration du pouvoir et des moyens distribués sur appels à projets. Ce texte justifie l’orientation assumée par le PDG du CNRS qui prône une loi « inégalitaire » et « darwinienne ». La section Sup. Rech. de la CNT STE 33 demande la suppression du projet de LPPR, loi qui poursuit une logique néolibérale de l’ESR fondée sur la précarisation des ressources financières (recherche en mode projet) et des personnels (Chaires de professeur junior, CDD Tenure Track, CDI de mission). Nous revendiquons pour tou.te.s les enseignant.es chercheur.se.s actuel.le.s et à venir des conditions de productions et d’enseignement de connaissances libres, la promotion de recherches collaboratives indépendantes des injonctions politiques. Nous revendiquons pour tou.te.s les étudiant.es, des mesures fortes contre la précarité, comme un revenu étudiant. Par ailleurs, nous refusons un service public dégradé de l’enseignement supérieur que consacre l’« enseignement hybride » envisagé pour la rentrée universitaire de septembre 2020.
La section Sup. Rech. de la CNT Education 33, regroupant personnels tous statuts et étudiant.es, – anti-corporatiste –, rappelle que la lutte des classes est une réalité et que l’université peut être un groupement de résistance, en liens avec les autres secteurs, contre la capitalisme et le néolibéralisme. La section Sup. Rech. de la CNT Education 33 appelle l’ensemble des travailleur.euses à conduire eux.elles.-mêmes, par l’action directe, la mobilisation pour une fac critique et populaire. L’université doit être un service public, qui ne doit ni sélectionner, ni accroître ou légitimer les inégalités. La recherche doit être un service public, en capacité de produire des savoirs d’intérêt général.
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