> Communiqué
La France, terre d’asile ?
Chaque réfugié.e, chaque jour, peut se rendre compte que la France est loin d’être la terre d’asile qu’elle se vante d’être.
A Bordeaux, depuis le mois de mai, l’état s’acharne, comme pris de démence, à expulser systématiquement les migrant.es des lieux où illes ont trouvé refuge, et cela souvent après un long parcours effectué au péril de leur vie.
Très récemment la police bordelaise est venue jeter à la rue des centaines de femmes, d’hommes et d’enfants.
Le 21 mai, 170 personnes expulsées du squat « l’Ascenseur » à Talence.
Le 9 juillet, 60 personnes expulsée du « Gars Rage » à Bordeaux.
Le 12 juillet, plus de 100 personnes expulsées de « la Zone du dehors » à St Médard en Jalles.
Le 24 juillet, 120 personnes expulsées, rue Kléber à Bordeaux.
Le 26 juillet, expulsion des occupants de la flèche de l’église Saint Michel à Bordeaux.
Dans l’urgence, face à cette violation manifeste des droits humains, dès le 10 juillet nous avons décidé d’ouvrir notre local syndical en journée afin que les personnes expulsées puissent trouver un peu de répit, se doucher et manger.
Depuis, la solidarité s’est organisée. De nombreuses personnes, syndicalistes, militant.es d’associations, voisin.es etc. viennent spontanément prêter main forte, et les dons affluent.
Le 15 juillet, la Bourse du travail a été ouverte pour les nuits.
Le 17 juillet, la permanence de jour s’est déplacée à l’Athénée Libertaire.
Mais pendant ce temps et jusqu’à présent, aucune action concrète n’a été engagée de la part des « responsables » pour résoudre ce problème humanitaire.
Les maires n’osent pas prendre des décisions allant à l’encontre des positionnements politiques des préfectures macroniennes, tandis que Mme BUCCIO, nouvelle préfète locale à la recherche de la reconnaissance de ses chefs, s’enorgueillit d’appliquer des ordres.
Connue comme ne possédant pas la moindre parcelle d’humanité, celle-ci souhaite-t-elle renouveler son action de nettoyage de la « Jungle de Calais » qui lui a permis d’obtenir son avancement en tant que préfète de Bordeaux ?
De leur côté, malgré les vacances d’été, des gens se mobilisent. De nombreux rassemblements et RDV ont eu lieu depuis pour obtenir des « responsables » locaux, mairies, département ou région, des solutions pérennes, mais nous n’avons eu droit qu’à des promesses non tenues, de longs discours politiques ou des propositions de diagnostic.
Quand il fait 42°C à l’ombre, on peut se passer provisoirement de promesses, de discours, ou de diagnostic : dans l’immédiat, les personnes à la rue ont surtout rapidement besoin d’être mises à l’abri.
Aujourd’hui Bordeaux et son agglomération comptent 2700 personnes à la rue et 22000 logements vacants.
Pour ce qui nous concerne, en tant qu’anarchosyndicalistes, nous pratiquons l’entraide.
Agir et organiser la solidarité pour répondre aux besoins immédiats, est pour nous une évidence.
C’est pourquoi nous exigeons des solutions pérennes pour chaque personne concernée, avec ou sans papiers.
Cependant, nous ne perdons pas de vue que les institutions en place n’ont aucun intérêt à changer la donne. Face à cette crise, comme face à toute crise sociale, la réponse n’est jamais sociale. C’est la police qu’on envoie.
La question de l’accueil des réfugiés est une des conséquences d’une crise planétaire. A Bordeaux comme ailleurs, les « autorités responsables » font aujourd’hui la preuve de leur inutilité sociale, et de leur mépris des réalités.
Dire que les autorités, ou les gouvernants, repoussent le moment où il faudra répondre aux questions cruciales que pose cette crise, est faux.
Ils ne le souhaitent simplement pas. Cela reviendrait à reconnaître leur responsabilité, et à remettre en cause le système capitaliste.
Leurs actions, et leur inaction, ont pour seul effet, et but, d’assurer la pérennité du système à l’origine de ces crises, au prix de vies s’ils l’estiment nécessaire.
La guerre que se livrent partout dans le monde multinationales et Etats, pour l’accès aux ressources et matières premières notamment, déstabilise l’ensemble de la planète.
Les pays riches qui en bénéficient fuient leurs responsabilités et font tout pour en nier les conséquences humaines.
Et quand les gens fuient leur pays, la guerre, la misère ou la mort, vers l’Europe, ou des terres plus paisibles, des frontières quasi insurmontables sont érigées.
Les richesses, mêmes volées ne se partagent pas !
A celleux qui parviennent tout de même sur le sol français, alors l’état français envoie la police, et s’acharne à les chasser tels des cafards à éradiquer.
Puisqu’il n’y a aucune solution à attendre des « autorités » ou « responsables », et comme nous ne nous résoudrons jamais à laisser une grande partie d’entre nous de côté, crever dans la misère, il est donc urgent de construire un rapport de force suffisant, pour les contraindre à accueillir dignement les personnes réfugiées, tout.es les réfugié.es, que leur système génère !
Aussi nous appelons tou.tes celles et ceux qui le peuvent à venir à l’Athénée, diffuser les informations, et à s’organiser* ensemble pour obtenir tout ce à quoi illes et nous avons droit !
La solidarité est notre arme !
Seule la lutte paie !
*Pour suivre cette actualité, s’organiser et agir :
Le Facebook de la CNT gironde
Le Facebook du Collectif des Migrants de Bordeaux